Annika Katja Boll
Highway Hypnosis

20 septembre • 19 octobre

VERNISSAGE samedi 21 septembre à 11h

Commissariat : Fabienne Grasser-Fulchéri, directrice de l'eac.

 

En partenariat avec la

Villa Arson, Nice

Massif d’art contemporain, L’Audibergue

Communauté d'Agglomération du Pays de Grasse

 

 

partenariats média

ARTE

Beaux-Arts Magazine

Quotidien de l'art

Libération

La Strada Magazine

Le terme « Highway Hypnosis » désigne un état mental particulier pendant lequel un conducteur peut parcourir de longues distances, réagir aux événements extérieurs, mais ne se souvient pas d’avoir conduit consciemment. Le corps agit automatiquement, l’esprit est ailleurs.

L’exposition Highway Hypnosis compare ce rythme répétitif de la route aux lignes droites des champs agricoles, aux rangées de légumes plantés, aux serres où les plantes sont cultivées et multipliées à l’infini. On y retrouve cette même logique de répétition, de défilement continu, d’alignement contrôlé.

Dans l’exposition, on est confronté à la manière dont la nature est traitée, jusqu’au point où elle devient artificielle, fragmentée, analysée, numérisée.

La pratique d’Annika Boll s’inscrit dans ce croisement entre technologie et vivant. Elle utilise des procédés de numérisation — la photogrammétrie, la modélisation 3D, l’animation algorithmique —pour convertir des formes naturelles analogiques en données numériques. Ce qu’elle décrit avec une certaine ironie comme du « jardinage digital ». Elle scanne minutieusement des éléments du réel pour en produire des coquilles géométriques essentiellement vides, recouvertes de textures photographiées. Ces doublons, à la fois hyperréalistes et fantomatiques, sont ensuite soit intégrés dans des environnements numériques, soit réactivés physiquement par l’installation ou la sculpture.

Les matériaux employés sont choisis pour leur potentiel d’ambiguïté : des impressions 3D en plastique de vraies plantes scannées, des représentations de nature artificielle sur des écrans sur-saturés, ou encore des objets produits en masse détournés de l’univers publicitaire.

Annika utilise des codes visuels séduisants pour piéger le regard, des couleurs artificielles ou brillantes pour attirer l’attention, des systèmes de rotation ou de boucle infinie pour créer une tension entre fascination et inconfort. Elle cherche cette complicité entre plaisir esthétique et malaise, entre désir de voir et doute sur ce que l’on regarde.

Cette mise en scène du vivant transformé souligne nos tentatives mécanistes de comprendre et de classifier le vivant en une série d’actions et de réactions, davantage comme une suite de petites machines interconnectées que comme des organismes entiers.

L’exposition cherche à mettre en lumière les zones de flou écologiques et perceptuelles qui émergent lorsque la vie devient donnée, image, décor ou produit. Ces œuvres rejouent les logiques de catalogage, de duplication, d’archivage du vivant, comme si numériser ou stocker pouvait signifier protéger.

Mais il ne s’agit pas de condamner la technologie. Il s’agit plutôt de révéler sa présence diffuse dans notre quotidien, et d’en interroger les effets sur nos perceptions inconscientes, nos émotions artificielles, nos désirs fabriqués.

Pour citer James Bridle, « L’attention consciente est une condition indispensable pour agir correctement et avec justice dans le monde ». C’est cette attention envers notre condition moderne de percevoir le monde extérieur que l’exposition cherche à activer.